Du 26 novembre au 2 décembre les stagiaires ont effectué l'une de leurs retraites biannuelles. Lama Rinchen assurait les enseignements le matin et, l'après-midi, lamas et drouplas ont eu l'occasion de mettre à profit les réflexions développées lors de plusieurs journées de préparation avec Lama Rinchen. Quelques questions lui sont posées sur cette retraite...
Karmé Guendune : Quel est le but des retraites des stagiaires pratiquants ?
Lama Rinchen : C'est un moment où les stagiaires sont ensemble. C'est une période centrée davantage sur la pratique et le Dharma. C'est l'opportunité de se rencontrer dans un environnement de pratique intense. Il y a bien sûr les enseignements du dimanche, mais ils sont plus éparpillés dans le temps. Cette retraite leur permet aussi de faire connaissance avec les droupeuns*.
Karmé Guendune : Vous avez surtout donné des enseignements de base, quel est le sens de ces enseignements ?
Lama Rinchen : Chaque fois qu'il enseignait, Guendune Rinpoché insistait sur le fait qu'il fallait intégrer le Dharma à la vie quotidienne même lorsque le stage était axé sur une pratique formelle précise. Il est important d'acquérir les bases, c'est à- dire la bonne motivation, surtout en Occident. Nous avons besoin de changer d'attitude et cela prend du temps. Pour un Tibétain, les idées fondamentales du Dharma sont naturelles, pour nous, il faut les apprendre, les comprendre et les appliquer dans la vie quotidienne pour qu'elles soient intégrées. Il y a chez la plupart d'entre nous un fonds chrétien qui ne change pas à partir du moment où l'on devient bouddhiste. En fait nous apportons nos idées dans la pratique bouddhiste. C'est pour cela qu'il faut faire un effort pour changer aussi bien les attitudes que les compréhensions de base afin que la pratique porte ses fruits.
Karmé Guendune : Comment s'est passée la préparation des enseignements avec les lamas et drouplas intervenants pendant la retraite ?
Lama Rinchen : Cela fait 5 ans que je travaille sur les instructions orales de Guendune Rinpoché. Le thème de base de la retraite était comment faire le lien entre le Dharma et la vie quotidienne. Nous nous sommes réunis en octobre avec les lamas et drouplas intéressés, avec l'idée de présenter des stratégies contre la souffrance en utilisant les solutions du Dharma pour surmonter les difficultés. Je leur ai expliqué le sujet en me basant sur les instructions orales de Guendune Rinpoché et nous avons eu des échanges libres autour des stratégies. Chacun a choisi un thème à préparer et nous nous sommes retrouvés à nouveau en novembre pour présenter la structure des enseignements et faire des mises au point par rapport aux idées des uns et des autres. C'était un moment de partage très enrichissant à tous les niveaux et pour tous ! J'étais presque frustrée de ne pouvoir assister aux enseignements qu'ils ont donnés aux stagiaires ! Ce travail commun a aussi permis de donner une cohérence entre les enseignements du matin et de l'après-midi.
Karmé Guendune : Quel est le but de cette formation des lamas et drouplas ?
Lama Rinchen : Enseigner est une pratique de générosité, c'est le don du Dharma. Guendune Rinpoché souhaitait que les lamas et les drouplas partagent leur expérience et leur compréhension du Dharma par le biais d'enseignements ou simplement d'échanges plus informels avec les gens. C'est une façon de remercier les donateurs de leur soutien. De même, lorsque l'on a accompli une ou plusieurs retraites de trois ans, il est normal de faire partie de l'activité du Dharma. Auparavant cette activité s'étendait seulement en Europe, elle touche maintenant un plus grand nombre de personnes. Il s'agit donc ainsi de faire connaître le Dharma, c'est un champ de soutien et de sensibilisation à l'activité du Gyalwa Karmapa. Contrairement à ce qui se passe en retraite où l'on étudie et pratique selon ses propres besoins, lorsqu'on enseigne, il faut être capable de prendre en compte les besoins et les attentes des autres et s'adapter en conséquence, sans déformer le sens du Dharma. C'est tout un art et c'est comme cela que l'on évolue.